« Harkis. Approches langagières d’une discrimination au long cours »
Les processus de marginalisation et d’altérisation, les situations de contrôle des groupes et des individus, et leurs corollaires, les formes d’inégalités sociales, représentent un terrain de recherche fécond pour les sciences humaines qui ont appréhendé ces phénomènes d’après les contextes culturels, les modes organisationnels, les cadres politiques et institutionnels qui les déterminaient ou, à l’inverse, d’après les stratégies élaborées par les sujets pour s’y opposer ou s’en émanciper (Foucault 1975 ; Bourdieu 1982 ; Certeau 1990). Pour partie historiquement centrées sur les faits d’inégalité ou de domination générés ou prolongés par le matériau langagier (Marcellesi & Gardin 1974), les sciences sociales du langage (Hamby 2012) fournissent de nombreux travaux sur le rôle des phénomènes linguistiques et discursifs dans l’effectuation des pratiques et des processus de minorisation (ségrégation, discrimination, invisibilisation, silenciation, exploitation… dont, par exemple, Huck & Blanchet 2005 ; Blanchet 2005, 2016 ; Trimaille & Éloy 2012 ; Bulot 2013 ; Ledegen 2013 ; Greco 2015 ; Arrighi & Urbain 2019 ; Danos, Guedj, Him-Aquilli & Nossik 2021).
Au soixantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, dans un conflit longtemps resté sans son nom[1] mais cependant traversé d’abus de langage (Brun 2014), ce colloque propose d’explorer le rôle et la portée du matériau langagier sur les disqualifications sociales et les assignations minorisantes appliquées aux harkis, ces auxiliaires d’ascendance nord-africaine qui servirent aux côtés de l’armée française de 1954 à 1962. Considérant l’efficacité du langage dans l’organisation et la gestion des rapports de forces sociaux (Achard 1986, 1993, 1995 ; Bautier 1996 ; Leimdorfer 2011 ; Lahire 2015), la rencontre entend éclairer la façon dont les pratiques langagières (Boutet 2015, 2016) ont participé des mécanismes de subalternisation et d’exclusion auxquels ont été exposés les harkis et leur famille. Tenant compte de la possibilité d’une résistance et d’une puissance d’agir discursive (Butler 2004), il s’agira aussi de penser les discours et les moyens langagiers avec lesquels les anciens supplétifs et leurs proches, constitués en groupe social en France à partir de 1962 (de même, bien sûr, que tout autre énonciateur ou instance discursive) ont biaisé ou contré, modifié ou déconstruit la stéréotypie, les logiques du silence et de l’invisibilisation sociale qui ont pesé sur eux après le conflit.
Ces questions pourront être traitées à partir de corpus de tout type dès lors que les données ont eu des effets sociaux sur la minorisation du collectif ou, au contraire, son émancipation (récit à valeur testimoniale ou (auto-)biographique, document d’archive, discours politique, texte juridique ou administratif, médiatique ou littéraire, filmographie…).
Aperçu du groupe social harki
Éléments pivots d’une guerre kaléidoscopique qui vit s’affronter des Français et des Algériens mais aussi des Français entre eux et des Algériens entre eux, le sort des harkis témoigne des conséquences humaines parmi les plus tragiques de l’après conflit. Perçus comme des traîtres en Algérie où plusieurs dizaines de milliers d’entre eux furent massacrés dans les mois qui suivirent l’indépendance, ceux qui gagnèrent l’ancienne métropole se retrouvèrent confrontés à un double rejet et des jeux de pouvoir paradoxaux. Stigmatisés par la communauté algérienne de France, mais, dans le même temps, ostracisés et soumis à des dispositifs de contrôle sévères par ceux avec lesquels ils avaient combattu, les harkis et leur famille furent ségrégués par les autorités politiques, civiles et militaires françaises via, notamment, la pérennisation des camps de transit en cités d’accueil et la création de hameaux de forestage où fut reléguée une partie du groupe. Bien qu’emblématiques des traitements différentiels appliqués aux populations musulmane et européenne rapatriées d’Algérie, les harkis demeurent les acteurs de la guerre les plus délaissés par la recherche, chose d’autant plus surprenante que les raisons de l’enrôlement et la destinée des troupes supplétives constituent une synthèse saisissante des rapports de pouvoir inégalitaires entre les différentes populations de l’Algérie coloniale et des ambiguïtés de la politique de dégagement de la France de son ancien territoire. Cet état de fait ressortit en partie aux préjugés négatifs qui leur furent associés et qui firent longtemps écran à l’attention que les sphères intellectuelles ou, plus largement, l’opinion publique, pouvaient leur porter. Réduits dans le discours de la mouvance décoloniale française à des assignations identitaires dégradantes et adversatives, les supplétifs devinrent des figures honnies et amorales, «idéologiquement alogiques et politiquement illogiques » (Brillet 2001), sortes de « marginaux héréditaires » (Jules Roy) promis à l’exclusion voire à l’oubli. Dès avant la fin de la guerre, et plus encore après les accords d’Évian, rares furent ainsi les voix qui se risquèrent à défendre[2] ceux que Simone de Beauvoir qualifiait d’« hommes en bleu payés pour trahir leurs frères »[3] (1963 : 525) et que beaucoup, tant dans les cercles progressistes que chez les leaders d’opinion, considéraient comme légitimement punis de la politique coloniale dont ils s’étaient, à leurs yeux, rendus complices.
De part et d’autre de la Méditerranée, les États trouvèrent également des motifs de marginaliser le groupe. Incarnations de la faillite morale et républicaine des autorités françaises, de la déloyauté et de la trahison envers le peuple algérien pour le FLN, les harkis et leurs proches apparurent pour les dirigeants français et algériens comme une population gênante promise par là même à des formes de silenciation et d’invisibilisation. Population gênante en France car, entre tergiversations et indécisions politiques, calculs économiques et accommodements diplomatiques avec le nouveau pouvoir algérien (Pervillé 1990), le gouvernement français s’en tint à un plan de repli minimal des anciens auxiliaires faisant de ceux qui rejoignirent la France des indésirables, vivants reproches de ses ambivalences à leur égard ; population gênante en Algérie car leur nombre sur la durée de la guerre, supérieur à celui des combattants de l’ALN[4], objectait le mythe unanimiste de la résistance patriotique algérienne. Contempteurs de la mystique révolutionnaire du nouvel État algérien d’un côté, des improvisations et des manquements du pouvoir français de l’autre, la France et l’Algérie apposèrent une chape de silence sur les harkis offrant à la première de dissimuler la faillite morale qui fut la sienne au crépuscule de sa période coloniale et, à la seconde, de gommer les « mensonges d’un peuple unanime » (Stora 1992 : 161) et d’effacer la tâche sanglante portée sur sa geste libératoire à l’aube de son indépendance.
L’indexation sociale des membres des ex-formations supplétives emprunta dans les deux pays des formes et des voies diverses. La plus radicale se confond en Algérie avec les violences post-indépendance qui aboutirent aux massacres de l’été et l’automne 1962 (Hamoumou & Jordi 1999 ; Morelle 2004 ; Manceron 2011). Si tous ceux que le récit de libération nationale essentialisa sous la figure de « l’ennemi de l’intérieur » ou du « traître à la nation » ne furent pas éliminés, leur mise au ban de la société algérienne n’en fut pas moins effective (Daum 2015). Privés de droit de vote, de papiers administratifs, souvent empêchés de se déplacer et de travailler, les anciens harkis connurent une véritable mort civile et sociale, parfois étendue à leur femme et leurs enfants. En France, leur accueil souffrit de pratiques d’autant plus ostracisantes qu’elles valaient refoulement des décisions qui avaient conduit à leur tragédie. Tout à la fois signe et preuve du régime différencié que l’administration leur réserva, l’ordonnance du 21 juillet 1962 leur imposa de souscrire une déclaration recognitive de nationalité afin de prétendre au statut de rapatriés. Quoique juridiquement réinséré dans la citoyenneté nationale, le groupe n’en fut pas moins soumis à des discours discriminants, discutant son statut et sa qualification, émanant parfois du chef de l’État lui-même : « Le terme de rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans, ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères. Dans leur cas, il ne s’agit que de réfugiés »[5].
Mais la norme législative fut surtout contredite par une série de mesures qui éloigna les harkis du dispositif d'assistance prévu pour les populations françaises d’Algérie de droit commun (Scioldo-Zürcher 2011), dont la politique regroupement et de logement ségréguée qui les maintint dans une précarité et un assistanat prolongés. Si l’élite civile musulmane francisée formée par les fonctionnaires, élus ou dignitaires locaux (bachaga, agha ou caïd), considérés par les autorités comme des « musulmans de qualité », bénéficia d’un accueil similaire à celui des pieds-noirs, les membres des troupes auxiliaires furent pris en charge par une administration spécifique qui redoubla le drame de l’exil en les dirigeant vers des lieux de vie isolés et communautaires. Que ce soient les centres de transit, camps militaires désaffectés ou en activité dans lesquels se massèrent des milliers de personnes[6] et dont certains, prolongés dans le temps, devinrent des cités d’accueil, ou les hameaux de forestage, groupements d’habitations spartiates implantés en zone rurale régis par une réglementation d’exception, ou les cités urbaines, réservées aux individus les plus « évolués », tous correspondaient à des espaces de contrôle reconfigurant des rapports de domination hérités de la période coloniale. De fait, de tous les rapatriés d’Algérie, les ex-auxiliaires et leurs proches furent ceux sur lesquels les mesures de surveillance, de mise à l’écart, de regroupement voire d’enfermement s'avérèrent les plus strictes et les plus radicales (Scioldo-Zürcher op. cit., Besnaci-Lancou & Moumen 2008).
Pour évident que fut le processus d’exclusion sociale des harkis, le sort de ces « hommes infâmes » (au sens que Foucault donne à l’expression) suscita toutefois peu d’intérêt dans la classe politique. En cause, à droite, le possible discrédit de l’image du général de Gaulle au regard des responsabilités de l’appareil d’État dans leur destinée[7] mais aussi, à gauche, outre les représentations stigmatisantes du collectif, le silence fait autour des massacres post-indépendance qui brouilla la bonne conscience anticolonialiste et retarda une approche critique du groupe. Identifiés par les stéréotypes d’une historisation essentialisante et tendancieuse, communautarisés par typifications sociales et politiques, prisonniers de lieux communs autant que de lieux de relégation, les anciens supplétifs opposèrent cependant peu de contredits aux représentations qui les situaient entre brutalité et servilité, traîtrise et collaborationnisme. Très majoritairement des paysans pauvres, analphabètes et n’ayant qu’une très faible voire aucune maitrise du français pour l’essentiel des hommes et la presque totalité des femmes, et par ailleurs surtout occupés à gérer la précarité où les avait conduits leur éloignement des lois de réinstallation, les harkis ne produisirent dans les premières années de leur arrivée en France aucun « contre-discours » (Aubussier 2015) leur permettant d’échapper aux images réductrices et au mépris social.
Ce qui ne put être réfuté du fait, souvent, de la détresse psychique et des désordres psychologiques issus du bannissement et de la marginalisation[8] (Bennabi Bensekhar & Guernou 2017) ou, plus directement, d’un manque de compétences en français, fut pour une large part réalisé par les enfants. Par les aînés tout d’abord, nés en Algérie, qui déclenchèrent à l’été 1975 ce qui reste dans la mémoire harkie « la révolte des camps », période d’émeutes marquant le début de la mobilisation sociale et de la resubjectivation du groupe. Pour autant, la situation du collectif n’évolua que très peu, poussant les plus jeunes à de nouvelles manifestations au début de la décennie 1990. Surtout portées par des enfants nés en France, impliquant par ailleurs un grand nombre de filles, ces contestations ajoutèrent aux demandes de réparations matérielles et financières des revendications d’ordre symbolique visant à mettre l’État face à ses responsabilités juridiques, morales et républicaines relativement à l’abandon, au massacre et la ghettoïsation des ex-auxiliaires et de leur famille. Souvent dotée d’un ethos militant grâce à sa participation aux mouvements antiracistes (France Plus, la Marche pour l'égalité et contre le racisme[9]) et son implication au sein d’associations harkies porteuses de revendications sociopolitiques et mémorielles, cette génération parvint tendanciellement à refouler la parole victimaire et misérabiliste voire déplorative à laquelle les aînés n’avaient pu échapper. Soucieux par ailleurs de déconstruire les images stigmatisantes issues du prisme historiciste, révolutionnariste ou anticolonialiste, beaucoup de descendants de harkis (souvent des filles) se tournèrent alors vers des formes d’écriture testimoniale, romanesque ou historique visant notamment à réhabiliter la figure des pères hors le diptyque « traître » / « fidèle défenseur de la France » dans lequel les avaient enfermés les discours et les essentialisations doxiques. Parallèlement à la mise en récit (auto-)biographique de la trajectoire familiale, beaucoup de publications[10] proposèrent ainsi à partir des années 2000 une histoire plus nuancée des raisons de l’engagement paternel, la plupart moins idéologiques que dépendantes du hasard, de circonstances liées à la misère ou à la violence exercée par l’ALN sur les populations. À la fois instrument d’auto-catégorisation et moyen de moduler le discours social porté sur le groupe, ces textes dépassèrent la simple revendication, devinrent une réponse à la stigmatisation, une puissance d’agir discursive réhabilitante[11] mobilisée dans nombre de recueils de témoignages, une façon, chez Zahia Rahmani, de contrer les marques d'infamie grâce à un travail d'écriture participant à une sorte de rage narrative incarnant, par ailleurs, dans sa forme même, la violence faite aux harkis : « Il faut l'écrire. Il faut parler, parler de ce qui a eu lieu ! Parler avec ceux-là qui l'ont vécu. Parler avec eux pour taire la violence, parler pour que la parole exerce son droit [...] » (Rahmani 2003 : 136).
Approche langagière du groupe social harki
Malgré les formes de marginalisation qui ont pesé ou pèsent encore sur les harkis et leurs enfants, les pratiques langagières intervenues dans leur ségrégation ou leur précarisation ou, a contrario, qui ont servi la contestation des inégalités de traitement ou la visée de transformation des assignations identitaires, n’ont fait l’objet de presqu'aucune étude. Si, les concernant, l’anthropologie, l’histoire, la sociologie ou les approches cliniques du groupe ont su combiner la dimension verbale à leurs analyses (Fabbiano 2006 ; Moumen 2009 ; Muller & Tsamandou-Jacoberger 2005 ; Kydjian 2019 ; Bennabi Bensekhat & Guernous 2017), les enquêtes émanant du champ de la (socio-)linguistique ne trouvent d’illustration que dans la thèse de Barontini (2013)[12]. Ce travail excepté, le groupe social harki reste un impensé scientifique pour les spécialistes du langage, point aveugle et invisible social d’autant plus singulier que sa destinée agrège l’essentiel des concepts épistémologiques avec lesquels les mouvements migratoires (économiques ou politiques) et la thématique de l’intégration ont été approchés via le prisme linguistique ou langagier (Canut & Guellouz 2018). Idéologie, identité, représentations, stéréotypes, discrimination, disqualification ou ségrégation, transmissions, pratiques, contacts de langues ou reconfiguration des répertoires linguistiques (pour n’en citer que quelques-uns), trouvent en effet dans le parcours, la vie passée ou présente des ex-supplétifs et de leur famille une saillance particulière sans que les différents courants de la sociolinguistique (notamment critique ou politique), de la sociologie du langage, de l’analyse du discours ou de l’anthropologie linguistique ne l’aient jamais abordée.
Quoique visant à inscrire le collectif harki dans le domaine d’étude des sciences du langage, ce colloque est loin de ne s’adresser qu’aux seuls linguistes : il pourra intéresser tout chercheur qui envisage les questions de minorisation sociales à l’aune des dynamiques linguistiques et langagières qui les informent, qui souscrit à la dimension praxéologique des langues et des discours dans les processus de domination, les logiques de subalternisation et d’exclusion. En espérant une rencontre inter- et/ou pluridisciplinaire, sont attendues des analyses relatives à la façon dont les rapports de force et de pouvoir, les jeux de différenciation ou de stigmatisation impliquant les anciens auxiliaires et leurs proches se réalisent via le plan linguistique ou discursif ou, à l’inverse, sont ou ont été contestés sur ce même plan. De façon indicative, les propositions pourront développer ou combiner l’une ou plusieurs des thématiques suivantes d’après des matériaux issus des contextes français et/ou algérien.
Axe 1 - Discours et identité(s)
La construction de l’identité sociale (Tajfel & Turner 1979, 1986 ; Dubar 1996 ; Lipiansky 1998) se présente comme particulièrement originale pour les harkis. Pris entre la stigmatisation de la communauté algérienne et la discrimination de la société française, entre la mémoire vindicative de leur terre d’origine et l’ingratitude du pays d’accueil, et par ailleurs souvent victimes de racisme ordinaire, les anciens auxiliaires (et plus encore sans doute leurs enfants) tendent à occuper un entre-deux culturel et social, une position identitaire interstitielle. Eu égard l’importance de l’activité langagière dans la production des identités sociales revendiquées ou souhaitées, assignées ou imposées (Charaudeau 2009), les contributeurs peuvent porter attention aux discours engageant les hétéro- et auto-catégorisations par lesquelles les membres du collectif ont été ou se sont eux-mêmes identifiés. Tout autant «auctoriaux » que « routiniers » (Maingueneau 2007), ces discours pourront, sans exclusive, relever des anciens harkis ou de leurs descendants, des champs administratif, juridique ou politique, des domaines médiatique, littéraire ou de la filmographie dédiée au groupe.
Du côté des « discours institutionnels » (Longhi & Sarfati 2014), les lois, décrets ou discours ministériels ou présidentiels portant une reconnaissance symbolique ou une aide financière aux anciens membres des formations supplétives constituent des observables de premier ordre comme, par exemple dans la période proche, le rapport Ceaux-Chassard (2018) issu d’une commission initiée par François Hollande sur les dispositifs de réparation en faveur du groupe ou celui rendu par Benjamin Stora (2021) à Emmanuel Macron relatif aux mémoires de la guerre d’Algérie ou, plus récemment encore, l’allocution présidentielle du 20 septembre 2021 actant la demande de pardon de la France aux harkis et le projet de loi associé voté en février 2022. Quoique censés faire évoluer les représentations du collectif, il n’est pas sûr que ces mesures et discours parviennent à déconstruire les stéréotypes le concernant relayés dans l’ordinaire des représentations sociales (Fabbiano 2021) non plus qu’à gommer ou remettre en cause le caractère potentiellement stigmatisant, inégalitaire ou discriminant des dispositifs d’aide prévus (Kerchouche 2021).
À partir de récits de vie, il pourra s’agir de voir aussi comment les anciens auxiliaires et leurs descendants ont développé une subjectivation leur permettant de se construire comme collectif dans un processus de différenciation (ou de rapprochement) relativement à d’autres groupes (pieds-noirs, appelés métropolitains, combattants de l'ALN, communauté algérienne…). Des études confrontant les discours des enfants de harkis à ceux de leurs petits-enfants - de plus en plus distincts quant à la sélection des attributs catégoriels leur permettant de s’identifier - seraient les bienvenues.
Autre piste de réflexion, la manière dont l’identité harkie se cimente autour de l’expérience de l’exil, de la ségrégation et de l’enfermement, devenus des stéréotypes auto-catégorisants dans les « cadres sociaux de la mémoire collective » (Halbwachs 1925 [1994]) du groupe. La confrontation du discours mémoriel des harkis, de leur femme et de leurs enfants à celui des fonctionnaires, élus ou dignitaires musulmans rapatriés pourrait faire l’objet d’analyses contrastives (cf. les ouvrages publiés par le Bachaga Boualam au lendemain de la guerre).
Axe 2 - Langues et discours épilinguistiques
S’agissant de donner toute valeur aux discours sur les pratiques langagières, différentes pistes peuvent être explorées concernant, par exemple, le rôle des langues dans les dynamiques de construction des identités. Que disent les ex-supplétifs, leur femme et leurs descendants de leur(s) langue(s) et de leur(s) relation(s) à celle(s)-ci ? Quelles représentations en construisent-ils? Quelles sont et comment jugent-ils leurs compétences en français, en arabe ou en berbère ? Ces langues sont-elles porteuses d’identité(s) ? Et si oui, lesquelles ? Parler le français, a-t-il été vu par les anciens harkis et leur femme comme un moyen d’être (mieux) reconnus comme Français ? Parler arabe ou berbère est-ce une façon de faire lien avec l’immigration algérienne, de conserver ou (re)créer une attache avec l’Algérie ? Dans les espaces où la tutelle sociale sur le groupe a été particulièrement prégnante, les enfants de harkis se sont vus imposés un prénom français : comment les personnes concernées jugent-elles, ont-elles vécu ou vivent-elles cette francité prescrite ?
Des études portant sur le processus d’intégration linguistique seraient d’un grand intérêt, notamment en vue d’analyses comparatives avec la communauté algérienne de France. S’agissant de la transmission ou du maintien des langues d’origine (des politiques linguistiques intrafamiliales) le niveau de pratique en arabe ou en berbère conservé par les parents et transmis aux enfants pourrait être approché : existe-t-il une différence de compétence ou d’usage entre les enfants de harkis nés en Algérie et ceux nés en France ? La vie dans les camps ou les hameaux de forestage d’une partie du collectif a-t-elle prolongé la pratique des langues d’origine ? À l’inverse, a-t-elle retardé ou ralenti l’acquisition du français ? Les enfants nés en dehors de ces lieux de vie ségrégués possèdent-ils des pratiques ou des compétences linguistiques et langagières différentes de celles de leur fratrie qui y a grandi ? Le maintien ou la substitution linguistique opèrent-t-ils de la même façon chez les descendants des ex-supplétifs que chez ceux des migrants algériens ? Comment expliquer le très faible degré de compétence en français et le taux élevé d’analphabétisme encore observable chez les anciens auxiliaires et leur femme ? Ce fait a-t-il joué un rôle dans la (re)production de leur subalternisation sociale ? Peut-on poser un lien entre précarité sociale et langagière (et/ou linguistique) ?
Axe 3 - Nomination
« La maîtrise, on le sait, commen[çant] par le pouvoir de nommer, d'imposer et de légitimer les appellations » (Derrida 1996), les significations lexicales et les catégorisations induites par les procédures de « nomination » (Siblot 2001) offrent une entrée féconde pour saisir les rapports de pouvoir à la base des logiques de discrimination du groupe. Les analyses pourraient porter sur les nominations référant aux ex-supplétifs dans les discours anticolonialistes et tiers-mondistes, presqu’invariablement dépréciatives (« nervis du fait colonial », « traîtres à la nation algérienne », « combattants du mauvais choix », « collabos », « tortionnaires », «lumpenprolétariat »…) ou sur celles des structures ayant accueilli le collectif et qui ont été des moyens privilégiés pour catégoriser les espaces et lieux de vie du groupe.
Pourraient être aussi interrogés les enjeux d’euphémisation de la ségrégation afférents à l’évolution de ces nominations dans le discours juridique, administratif ou médiatique (« centre » ou « cité » se substituant à « camps » par exemple). Autres observables, les nominations employées par les autorités administratives et militaires françaises pour désigner le collectif : «rapatriés d'origine maghrébine », « musulmans rapatriés », « musulmans réfugiés », « réfugiés musulmans », « réfugiés harkis », « musulmans harkis », « musulmans algériens harkis », «Français musulmans d’Algérie », « musulmans français », « Français musulmans », « Français musulmans de souche nord-africaine », « Français de Souche Islamique Rapatriés d’Afrique du Nord », « Français Rapatriés de confession Islamique », «Français musulmans rapatriés », «Rapatriés d’Origine Nord-Africaine », et enfin, « harkis ». À lui seul ce paradigme ouvre une large série de questions : dans quelle mesure cette instabilité nominative manifeste-t-elle les hésitations du pouvoir français à fixer le statut juridique, administratif ou migratoire du collectif? En quoi ces nominations prolongent-elles des catégorisations différentielles entre populations déjà opérantes dans l’Algérie coloniale ? Induisent-elles une ethnicisation, une essentialisation ou une différenciation des anciens auxiliaires au regard des autres populations rapatriées ? Quels sont les critères de ces catégorisations (ethniques, géographiques, culturels, cultuels, autres) et comment, éventuellement, se combinent-ils ? Ces glissements terminologiques rendent-ils compte d’une évolution du statut ou de la condition administrative du groupe ? Qu’exprime le recours à la siglaison devenu prégnante au fil du temps dans les textes officiels (« FSNA », « FMR », « FCI », « FRCI », « FSIRAN », « RONA »...) ? La réduction formelle et l’économie linguistique portées par les acronymes disent-elles quelque chose du processus d’invisibilisation ou de différenciation sociale du collectif ?
On pourra aussi se pencher sur les raisons et les enjeux sous-jacents au fait que l’administration française s’est longtemps refusée à désigner le collectif par la nomination « harki », la seule pourtant que se donnent les anciens supplétifs et leurs enfants : façon de conserver une forme de pouvoir sur le groupe en gardant la main sur la nomination et les catégorisations associées ? Volonté de ne pas employer un terme aux effets de sens stigmatisant ?
Axe 4 - « Harki », un traître mot
À la suite du travail pionnier de Mohand Hamoumou dont les analyses ont souligné les premières les ambiguïtés du « traître mot » de harki (Hamoumou 1989, 1993), les processus d’altérisation et de stigmatisation peuvent être approchés via l’étude sémantique et référentielle, lexicale et pragmatique du terme « harki », les contextes ou terrains d’enquête pouvant indifféremment relever de la France ou de l’Algérie. Pour cette dernière, il serait par exemple intéressant de considérer la façon dont le mot « harki », devenu figure éponyme de « traître » ou d’« ennemi de la nation » lors de la guerre de libération nationale, a continué de désigner l’adversaire ou l’ennemi durant la situation de guerre civile algérienne des années 1990, tant du côté du pouvoir politique et militaire que des islamistes.
Autre point de réflexion, la façon dont cette « association référentielle durable » (Kleiber 2001) opère dans le discours institutionnel algérien ou celui des Algériens de France ou d’Algérie et ce qu’implique en termes d’auto-qualification et de positionnement identitaire cette forme de stigmatisation. On pourra par exemple se demander si en maintenant la charge infâmante du terme « harki », et donc en rejetant dans une forme d’opprobre l’individu auquel il s’applique, les locuteurs n’opèrent pas une réassurance symbolique leur permettant d’instituer ou de maintenir des rapports de domination vis-à-vis de la personne ainsi désignée (« traître » vs « héros », «algérianité corrompue » vs « algérianité vertueuse ») ?
L’accent pourra être mis sur la parole politique, fréquent relais d’acceptions disqualifiantes du terme et où la rémanence de la stigmatisation est forte. Hors la visite en France en 2000 d’Abdelaziz Bouteflika au cours de laquelle ce dernier qualifia les harkis de « collabos », de Raymond Barre à Nicolas Sarkozy en passant par Renaud Donnedieu de Vabres, Dominique Bussereau, Pierre Lellouche, Jean-Pierre Raffarin ou, récemment encore, Richard Ferrand, nombreux sont les hommes politiques français à avoir employé la nomination « harki » comme synonyme de « traître » au gré de revers électoraux ou de mésalliances de partis. La valeur argumentative et classifiante de ces emplois, leur part d’interdiscursivité ou de dialogisme (dès lors qu’ils convoquent une connotation de "trahison" à la fois sédimentée dans le champ discursif algérien et décolonial français), ainsi que les réactions des associations harkies à ces usages sont de bons observables pour appréhender les ressorts d’une « mémoire discursive » (Courtine 1981 ; Moirand 2007) qui réinscrit régulièrement dans l’espace socio-politique la charge négative du désignant.
Autres observables, les discours du quotidien produits par des locuteurs ordinaires ou parfois plus connus (Gisèle Halimi, le dessinateur Siné ou le groupe de rap français PNL, par exemple) où cette valeur de "déloyauté" est souvent réactualisée, sans oublier le champ discursif des intellectuels engagés contre la guerre d’Algérie où si, dans la mise en récit et la figuration des troupes supplétives « harki » a actualisé cette charge référentielle dépréciative et adversative, le terme a souvent été employé dans une acception déplorative.
À la suite des travaux sur l’insulte (Fracchiolla & Rosier 2019 ; Lagorgette 2016), on pourra considérer les discours outranciers visant le collectif ou y faisant référence comme tel afin d’en saisir la portée pragmatique ou socio-politique. L’apostrophe de Georges Frêche, maire de Montpellier et président de région, lançant « Vous êtes des sous-hommes ! » à une délégation de harkis en 2006 est significative de la violence discursive souvent publiquement rejouée à l’encontre du collectif. Les analyses pourraient s’appuyer sur les forums de discussion, les messageries, blogs ou réseaux sociaux qui fournissent de nombreux « discours de haine » (Monnier, Seoane, Hubé & Leroux 2021), de qualifications et de nominations blessantes ou outrageuses, ou touchant à la dignité du groupe et dont il s’agirait, par exemple, de détailler les procédés argumentatifs, d’essentialisation et/ou de catégorisation engendrant la discrimination.
Axe 5 - Resignification et retournement du stigmate
En dépit de programmes de sens péjoratifs et ostracisants, « harki » est la seule nomination avec laquelle les ex-auxiliaires, et souvent leurs enfants, s’auto-désignent. Si cet emploi générique fait des anciens supplétifs et de leurs descendants les seuls protagonistes du conflit à avoir pour signifiant identitaire collectif un désignant issu des catégories administratives de l’armée, il témoigne aussi d’un usage politique et performatif du terme au sens où, dépassant sa valeur dépréciative, il devient un moyen d’investir une identité de groupe assumée hors les assignations exogènes négatives.
À la frontière des notions de « retournement du stigmate » de Goffman (1975) et de «resignification » de Butler, et retravaillées par Paveau (2017), la puissance d’agir discursive de cette auto-dénomination pourrait être examinée dans des contextes et des terrains divers : à travers l’évolution des « noms propres collectifs » (Lecolle 2019) des associations harkies qui, en recourant à la nomination « harki » à partir de la décennie 1990, l’ont promu au rang de marqueur identitaire, dans les discours de revendication des enfants de la deuxième génération à l’origine de ces associations et dont les sites web offrent une large trame de données, dans les ouvrages à valeur testimoniale, historique ou littéraire produits par cette génération où le terme a gagné l’acception de « victime » voire de « héros» familial suivant un retournement positif de la figure paternelle. Loin de se limiter à une simple resémantisation ou renversement axiologique du terme « harki », ces textes ressortissent d’une quête performativement qualifiée d’«harkéologique » par Dalila Kerchouche, quête visant la réappropriation à des fins de réparation et d’empowerment non pas simplement d’une nomination offensante sinon, plus largement, d’une histoire devenue blessante à force de silence paternel et de psittacisme doxique, véritable projet de transformation des représentations sociales et des stéréotypes associés au groupe.
En contrepoint des productions discursives du collectif, les textes administratifs et législatifs portant sur les mesures d’aide ou de compensation accordées par l’État aux anciens supplétifs sont, là encore, de bons observables. L’analyse de la nomination « harki » en rapport avec ses potentialités prédicatives ou évaluatives pourrait éclairer la façon dont le discours institutionnel ou politique rejoint des effets de sens construits par retournement du stigmate ou resignification ou, à l’inverse, prolonge des catégorisations ou des représentations misérabilistes ou déploratives, reproduit (ou pas) la construction sociale d’un collectif et/ou d’une catégorie d’individus souvent perçus comme de permanents assistés.
[1] Ce n’est qu’avec la loi n° 99-882 d’initiative parlementaire d’octobre 1999 que l’expression «guerre d’Algérie » se substitue à celle d’« opérations effectuées en Afrique du Nord ».
[2] Pierre Vidal-Naquet, Jean Lacouture ou Maurice Allais font à ce propos figure d’exception.
[3] Parlant ici des membres de la Force de police auxiliaire (FPA) installée dans le département de la Seine par Maurice Papon.
[4] Armée de Libération Nationale, branche armée du FLN.
[5] Charles De Gaulle, Conseil des ministres, 25 juillet 1962. Ce point n’est pas sans rappeler la polémique portant sur les termes « migrants » et « réfugiés » apparue dans les médias en 2016 concernant les personnes fuyant les violences de guerre et arrivant en Europe (Canut 2016).
[6] Jusqu’à 10 000 dans le camp de Rivesaltes entre 1962 et 1964, ce qui en faisait la deuxième "ville" des Pyrénées Orientales.
[7] Ainsi, sans doute, que le peu d’estime que celui-ci leur portait. En diverses occasions le général de Gaulle ne montra guère en effet d’empathie envers les ex-supplétifs, comme lors du conseil du Comité des Affaires algériennes du 3 avril 1962 où il déclara « Il faut se débarrasser sans délai de ce magma de supplétifs qui n'a jamais servi à rien. »
[8] Il n’est pas neutre que les premières thèses portant sur les harkis aient été le fait de psychiatres.
[9] Où six jeunes parmi les dix marcheurs de départ étaient des enfants de harkis, dont les deux principaux leaders, Toumi Djaïdja et Bouzid Kara.
[10] Textes à compte d’auteur ou d’inspiration littéraire et/ou testimoniale.
[11] « J’écrirai désormais sans relâche pour réhabiliter mon père. Parce que nos parents ne savent souvent ni lire ni écrire et parfois ne parlent pas français. C’est donc à nous, leurs enfants, de nous battre pour leur rendre leur dignité. » (Kerchouche 2006 : 13)
[12] Qui ne porte pas juste cependant sur la population harkie, l’étude vise en effet l’ensemble des populations originaires du Maghreb présentes en France.
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